Matra en Compétition : De la Formule 3 à la Formule 1

"La Formule 3 pour apprendre, la Formule 2 pour s'aguerrir et la Formule 1 pour s'imposer" - Jean-Luc Lagardère

 

Le 21 mai 1965 à Montlhéry la première Matra de Formule 3, la MS 1 à moteur Ford-Cosworth 998cc et châssis acier, effectue ses premiers essais. Elle remporte sa première victoire le 1er juillet 1965 à Reims aux mains de Jean-Pierre Beltoise. Pour la première saison les pilotes Matra sont Jean-Pierre Beltoise, Jean-Pierre Jaussaud et Eric Offenstadt. Jean-Pierre Beltoise remporte le titre de Champion de France de Formule 3 1965 devant son coéquipier Jean-Pierre Jaussaud.

   
 
Matra-Ford MS 1 Formule 3
 

En 1966, la MS 5 à coque en alliage léger domine la saison de Formule 3 et permet à Johnny Servoz-Gavin de devenir Champion de France. Matra fait ses débuts en Formule 2 avec la MS 6 (moteur BRM ou Ford-Cosworth suivant les épreuves). Jean-Pierre Beltoise s'impose au Nürburgring en août 1966 et devient champion de France de Formule 2.

   
 
Matra-Ford MS 5 Formule 3
 

En 1967, en Formule 3 la MS 5 Ford-Cosworth domine la saison, Henri Pescarolo devient Champion de France devant ses co-équipiers Jean-Pierre Jaussaud, Philippe Vidal et Jean-Pierre Jabouille. En Formule 2 la MS 6 suivi de la MS 7 (qui fait ses débuts à Rouen en juillet) permettent à Jacky Ickx de devenir Champion d'Europe devant Jean-Pierre Beltoise.

   
 
Matra-Ford MS 7 Formule 2
 

En janvier 1967 un accord de collaboration technique et financier est signé avec le pétrolier Elf nouvellement créé. En avril le gouvernement français prête six millions de francs à Matra pour la construction d'un moteur de Formule 1 (la réglementation a porté la cylindrée des moteurs de Formule 1 de 1,5 à 3 litres). Le moteur V12 créé par Georges Martin tourne au banc d'essai en décembre 1967, il délivre environ 400 chevaux.

La saison 1968 marque le début de la collaboration avec Ken Tyrrell en Formule 1, deux équipes Matra sont créées : l'une française avec comme pilote Jean-Pierre Beltoise et Johnny Servoz-Gavin et l'autre anglaise avec comme pilote Jackie Stewart et Jacky Ickx (Equipe Matra-Elf International). La MS 10 de Formule 1 à moteur Ford-Cosworth V8 débute le 15 mai 1968 au Grand Prix d'Espagne, elle remporte sa première victoire au Grand Prix des Pays-Bas à Zandvoort (Jackie Stewart), suivi de deux autres victoires en Allemagne et aux Etats-Unis. Jackie Stewart termine vice champion du monde de Formule 1. La MS 11 à moteur Matra V12 (Type MS 9) débute à Monaco et permet à Jean-Pierre Beltoise de prendre la seconde place aux Pays-Bas. L'Equipe Matra International termine troisième du Championnat de Formule 1. En Formule 2 la MS 7 à moteur Ford-Cosworth 1,6 litre permet à Jean-Pierre Beltoise de devenir Champion d'Europe devant Henri Pescarolo. Enfin en Formule 3, Jean-Pierre Jabouille avec la MS 5 devient vice Champion de France.

   
 
Matra-Ford V8 MS 10
 

En 1969, la MS 10 remporte le Grand Prix d'Afrique du Sud (Jackie Stewart) puis cède sa place à la MS 80 qui écrase le championnat en remportant cinq des neufs Grands Prix du calendrier. L'équipe Matra International et Jackie Steward deviennent donc champion du monde de Formule 1. Le V12 n'est pas engagé en Formule 1 cette année là. A noter l'apparition de la MS 84 à quatres roues motrices pilotée par Johnny Servoz-Gavin aux Grands Prix du Canada, des Etats-Unis et du Mexique. En Formule 2, la MS 7 permet à Johnny Servoz-Gavin de devenir Champion d'Europe.

   
 
Matra-Ford V8 MS 80
 

En 1970, Matra veut imposer son V12 mais Jackie Stewart et Ken Tyrrell préfèrent rester fidèle au V8 Ford, l'association se termine donc. Un accord commercial est signé avec Chrysler-Simca, l'équipe de F1 prend le nom de Matra-Simca avec comme pilotes Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo. La réglementation évolue : les réservoirs doivent être souple ce qui condamne le châssis cloisonné utilisé par Matra sur la MS 80, une nouvelle voiture est présenté : la MS 120. Les performances du V12 ne sont pas au rendez-vous et la nouvelle MS 120 ne parviendra pas à s'imposer au cours de la saison (meilleurs résultats troisièmes places à Monaco, en Belgique et en Italie). Fortement mobilisé par le programme des 24 Heures du Mans et par la F1, Matra ne parvient pas à réussir sur les deux fronts. La MS 7 de Formule 2 est engagé uniquement aux courses de Côte des Limouches et de Bergerac où Jean-Pierre Beltoise s'impose.

   
 
Matra MS 120
 

En 1971, l'équipe Matra-Simca de Formule 1 est composée de Jean-Pierre Beltoise et Chris Amon qui remporte en début de saison le Grand-Prix d'Argentine avec la MS 120B (hors championnat). Le moteur V12 n'est pas assez performant. Chris Amon fini 9ème du championnat, Jean-Pierre Beltoise 22ème et Matra-Simca 7ème.

   
 
Matra MS 120B
 

En 1972, la MS 120 évolue en version B, C et D, il n'y a plus qu'un seul pilote : Chris Amon. La meilleure place optenu est 3ème au Grand Prix de France. En fin de saison le programme Formule 1 est stoppé. Chris Amon termine 9ème du Championnat et Matra 8ème.

   
 
Matra MS 120D
 

Après l'arrêt de la compétition fin 1974, la division châssis est dissoute, la division moteurs est mise en sommeil.

   
 
Matra V12 Type MS 73
 

En 1975, après de difficiles négociations, le V12 Matra est installé dans la Shadow de Formule 1 piloté par Jean-Pierre Jarier, la voiture ainsi motorisée participera à deux Grands Prix (Autriche et Italie) sans succès.

   
 
Shadow DN7 équipée du Matra V12
 

En 1976, le V12 (type MS 73) reprend du service dans la nouvelle équipe de Formule 1 Ligier avec Jacques Laffite en tant que pilote. Guy Ligier a réussi à créer une équipe de Formule 1 grâce au budget fourni par la régie française des tabacs (marque Gitanes). Le meilleur résultat de Jacques Laffite sera une seconde place en Autriche, il termine 7ème du Championnat et Ligier 5ème.

   
 
Ligier JS 5
 

En 1977 après une année d'apprentissage, la nouvelle Ligier JS 7 de Jacques Laffite s'impose au Grand Prix de Suède. Il s'agit de la première victoire du V12 Matra (type MS 76) en Formule 1, la première 100% française (voiture, moteur, pilote). Jacques Laffite termine 10ème du Championnat et Ligier 8ème.

   
 
Ligier JS 7
 

En 1978, Matra informe Ligier que la fourniture de moteur cessera en fin de saison, la JS 7 évolue en JS 9 puis en JS 11. Les meilleurs résultats pour Jacques Laffite seront deux troisièmes places (en Espagne et Allemagne). Jacques Laffite termine 8ème du Championnat et Ligier 6ème. Pour les saisons 1979 et 1980 l'équipe Ligier (avec 2 pilotes) s'équipera de moteur V8 Ford.

   
  Ligier JS 9  
     
 
 
 
Matra V12 Type MS 76
 

En 1981 un nouveau partenariat avec Talbot (Talbot ayant acheté 70% du capital de Ligier Sport) permet avec la Talbot-Ligier JS 17 de remettre en piste de V12 Matra (Type MS 81). Les pilotes sont Jacques Laffite et Jean-Pierre Jabouille (remplacé par Jean-Pierre Jarier en début de saison et Patrick Tambay en fin de saison). L'équipe Talbot-Ligier permet à Jacques Laffite d'enlever les Grand Prix d'Autriche, du Canada et de terminer 4ème du Championnat (l'équipe Talbot-Ligier est aussi 4ème).

   
 
Talbot-Ligier JS 17
 
     
 
 
 
V12 Matra Type MS 81
 

Pendant toute la saison l'équipe de Georges Martin prépare un V6 turbo de 1,5 litre pour l'année 1982 (V6 ouvert à 120°, puissance 800 CV à 12000 T/m au banc). Un désaccord stratégique et financier à propos du règlement de la facture de la conception du moteur entre Peugeot (Propriétaire de Talbot bien mal en point) et Matra eu pour conséquence la rupture du partenariat : plus de moteur V6 turbo pour la Formule 1 et arrêt à venir de la collaboration pour les voitures de série (Murena et Rancho).

 

 
 
Matra V6 Turbo Type MS 82
 

En 1982, les Talbot-Ligier JS 17 puis JS 19 sont motorisées par le V12 Matra pour sa dernière saison. Les pilotes sont Jacques Laffite et Eddy Chever. Face aux moteurs turbo les Talbot-Ligier ne font pas le poids. Meilleur résultat, une seconde place au Grand Prix des USA Est pour Eddy Cheever.

   
 
Talbot-Ligier JS 19
 

Matra avait projeté une collaboration avec l'écurie de Franck Williams pour la fourniture du V6 turbo. Elle n'a pas abouti car Renault qui avait aussi son V6 turbo en Formule 1 allait diffuser l'Espace produit par Matra à Romorantin. Le V6 Turbo n'a jamais couru et la Division Moteurs et Etudes Avancées fût dissolue en 1983.

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